Le débat engagé par cet appel à idées nous est apparu tout à fait d’actualité. Comment vit-on la ruralité aujourd’hui ? Comment investir le patrimoine bâti existant et vacant au profit d’un nouveau développement des centre-bourg, les rendant plus attractif ?
La vacance est un processus dynamique qui aura tendance à s’accroître si rien n’est fait pour l’enrayer. Nous proposons de ne plus la voir comme un aspect disqualifiant mais au contraire comme une source d’opportunité de développement. En mobilisant le parc vacant, nous voulons créer une dynamique qui à l’échelle d’un centre-bourg doit :
- Proposer une offre immobilière complémentaire à l’offre de la maison individuelle, tournée vers des publics qui ne peuvent accéder à la propriété (parent seul avec enfants, jeunes ménages, personnes âgées) ;
- Réhabiliter l’habitat ancien aux critères de confort contemporain (luminosité, intimité et mobilité) ;
- Développer des espaces libres et ouverts pour réduire l’aspect de densité, tout en conservant son caractère pittoresque au village.
Le projet que nous proposons s’intègre pleinement dans cet enjeu : faire du centre-bourg de Laure-Minervois, commune de 1061 habitants, un lieu de vie attractif en capacité de capter de nouveaux résidents. Trois échelles de réflexion permettent de réorganiser le village :
1 – Un centre bourg agrafé au grand paysage
Laure-Minervois s’est développé dans un repli topographique, tourné vers la Montagne d’Alaric. Nous en tirons parti pour redéfinir une limite au centre-bourg, en créant des agrafes paysagères en périphérie, qui offrent des vues vers le grand paysage, dans un quart sud-est.
La situation géographique contraint aussi l’écoulement des eaux pluviales. Nous proposons un aménagement de rue en V qui permet de recueillir l’eau au centre, en dégageant les pieds de façades pour les végétaliser.
Des espaces publics centraux se développent aux intersections de certaines voies, en s’articulant avec le grand paysage.
2 – Des « îlots », comme éléments de base à une vie collective
Laure-Minervois présente un système viaire complexe et peu lisible. Nous proposons une organisation urbaine qui, basée sur les rues principales, redéfinit les limites des îlots et mutualisent des besoins.
Les venelles, trop étroites pour les voitures, ne sont plus accessibles et se transforment en espaces semi-privatifs. Ce sont des espaces extérieurs appropriables par les habitants et qui permettent des déplacements internes aux îlots. Certaines dilatations peuvent être végétalisées et offrir un espace ouvert de proximité pour les habitants.
3 – Une nouvelle forme d’habiter solidaire / Les « modules d’usages »
Chaque îlot défini précédemment possède des opportunités de mutations composées par les bâtiments vacants, les annexes ou les bâtiments en mauvais état. Une ou plusieurs de ces opportunités seront utilisées pour implanter un « module d’usage » comportant :
- Stationnements communs, bordés par un axe structurant permettant son irrigation
- Terrasses / jardins suspendus communs ou semi-privatifs ouvert sur le grand paysage
- Des locaux communs type atelier, logements partagés pour la famille, espace associatif…
Ces modules viennent s’implanter dans le bâti existant en le transformant de l’intérieur mais en conservant la façade sur rue. Les parkings sont en RDC et les terrasses / locaux communs en R+1/R+2. Les modules mutualisent les usages et dé-densifient de l’intérieur le bâti pour redonner de la lumière et des vues aux logements existants.